Article La Libre Belgique

Un article plus que sympa, paru avant le concert de Renan en Belgique

Renan Luce, chanteur de ses rêves
RENCONTRE CÉDRIC PETIT

Mis en ligne le 15/12/2006
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Le jeune chanteur breton a surpris son monde avec "Repenti", premier album. Il partagera une jolie affiche au Botanique avec Arman Méliès et Pierre Lapointe.


S'il ne fallait garder qu'un disque de chanson française pour cette année 2007, ce serait peut-être celui-là. Avec "Repenti", sa première galette, le Breton Renan Luce est entré par la grande porte dans le petit univers de la chanson. A sa manière, plutôt douce et poétique : en insufflant du rêve dans son quotidien; par le choix de mots maintes fois pesés et sous-pesés; par un sens de la ritournelle précieusement emmitonnée dans un format pop-folk.

C'est bien simple : s'il y a un peu de Raphaël chez ce jeune Breton, c'est peut-être la face la moins captivante de l'iceberg. Au fil des chansons, affleurent Thomas Fersen (influence sensible sur "Monsieur Marcel" ou "Repenti"), Jacques Brel ("Mes racines"), Georges Brassens (partout) voire encore Patxi Garat, qu'il évoque à l'occasion dans sa pose de voix. C'est là un des talents du garçon : réussir à être tout à la fois totalement de son époque et s'inscrire dans la lignée des grands mélodistes.

Renan Luce a ouvert pour Bénabar à Forest National, mais il n'a certainement plus rien à en apprendre. Le gouailleur "Les voisines" ("J'ai toujours préféré les voisines aux voisines/qui sèchent leurs dentelles au vent sur les balcons") n'est qu'une porte dérobée pour pénétrer dans un imaginaire débordant, dont la mesure est donnée dans "24h01", où le jeune homme s'offre une minute quotidienne de vie supplémentaire pour donner libre cours à ses rêves les plus fous.

Science des mots

La musique a toujours bercé ce garçon originaire de Morlaix. "Depuis tout petit, j'ai toujours baigné dans une ambiance de chanson. Ma mère nous avait inscrits, mon frère et moi, à la chorale de quartier. Après il y a eu le piano, le Conservatoire, où j'ai appris le saxophone. Enfant, je faisais déjà des spectacles avec mon frère, avec des reprises de Nougaro, Brassens, Trenet. L'attrait du chant a toujours primé. Je me souviens en maternelle avoir affirmé que je voulais être compositeur-interprète sans savoir du tout ce que ça signifiait."

La féérie qui opère dans "Repenti" n'est pourtant pas la seule oeuvre d'un chant aux facettes multiples, mais aussi dans une science des mots et de leur assemblage. "Cherche regard neuf sur les choses", écrit Renan Luce dans "L'iris et la rose" : il y a là plus qu'un credo, tout un programme : "J'essayer d'offrir un regard décalé sur les choses, de voir un peu derrière les façades, où tout est évident, de chercher s'il n'y a pas un autre message possible. J'ai besoin d'une dose de mystère pour m'épanouir dans l'écriture".

Non, rétorque-t-il. Mais c'est la manière la plus efficace que j'ai trouvée pour parler de moi, des personnages que j'invente. Les situations que je mets en place me permettent d'être ensuite le plus en accord avec ce que je ressens. Et avec ma pudeur. Je n'y parviendrais pas autrement."

Sa vie, Renan Luce la vit ainsi mieux en chansons que dans un quotidien qu'il juge "peu passionnant", un peu à la manière d'une Amélie Poulain au masculin, qui ne s'amuse jamais autant que quand elle peut faire le bien autour d'elle. "Il y a de ça, c'est vrai, j'ai une affection pour les gens solitaires et bienveillants, qui ont un regard humain sur les autres, qui savent apprécier leurs travers, sans juger."

Amour des personnages et des situations, souci de perfection formelle; produit par Jean-Louis Piérot (aux manettes du dernier Miossec), "Repenti" ne pêche pourtant pas sur la qualité des arrangements, où le naturel et la spontanéité ont eu le dernier mot : "On a invité des musiciens en studio, et on les a laissé jouer ce qu'ils ressentaient à l'écoute des premières maquettes de mes chansons. De manière assez instinctive, mais avec une volonté de simplicité : les arrangements ne devaient pas étouffer la compréhension du texte", insiste le jeune artiste.

Il peut dormir sur ses deux oreilles, et rêver tout son saoul : le message est reçu. Cinq sur cinq.

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