Une interview de Renan réalisée le 16 juillet aux Francofolies de La Rochelle est en écoute sur
Franzic, avec 4 titres.
Voilà la retranscription de l’interview.
Ecoute “Les voisines”
Q : Bonjour Renan Luce. Tu es originaire de Morlaix dans le Finistère. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu as débuté en Bretagne, et est-ce que la Bretagne aide à faire débuter les talents ?R : Eh bien moi en Bretagne j’ai débuté la chanson au lycée, de manière un peu amateur, comme ça…enfin, mes chansons au lycée, petit, je chantais beaucoup avec mon frère dans les petites fêtes de la musique, les trucs comme ça.
Et puis c’est vrai que la Bretagne offre pas mal de chances, parce qu’il y a beaucoup d’endroits, des bistrots, les trucs comme ça, où on peut jouer assez facilement, donc c’est un peu le parcours que j’ai suivi…dès que j’avais une occasion de pouvoir un peu chanter mes chansons dans les bistrots. Donc voilà, j’ai pu comme ça un peu roder mes chansons, les travailler…
Q : C’étaient quelles villes ? Rennes, Morlaix ? Quelles villes offrent pas mal de scène au niveau bars, déjà ?R : Morlaix il y a une asso assez active qui permet de faire quelques concerts, et puis moi j’ai passé aussi deux ans à Rennes, et là, effectivement, il y a beaucoup de bistrots qui proposent de la place pour les chanteurs. Donc, oui, il y a vraiment pas mal d’endroits, donc c’est plutôt Rennes qui m’a permis de commencer à chanter un peu dans les bars, et puis après je suis passé par Toulouse aussi, où j’ai pu faire quelques concerts aussi, et puis après à Paris…voilà, ça s’est un peu enchaîné.
Q : Tu as quand même été obligé de monter sur Paris pour “développer le truc” ?R : Je ne suis pas monté pour ça. Je suis monté quand j’ai fini mes études pour y travailler, tout en continuant à faire mes chansons…et voilà, par des rencontres, petit à petit ça a commencé à se concrétiser.
Q : Et donc, j’ai lu que tu avais fait dix ans de conservatoire. En quoi ça t’a aidé pour ce que tu fais aujourd’hui ?R : Je ne sais pas exactement…Je pense que les simples quelques connaissances musicales que j’ai gardées, voilà, aident à se poser quand même un certain cadre. Et puis, les conservatoires c’est aussi un endroit où on voit d’autres musiciens, là où on peut commencer à jouer un peu en groupe…Voilà, il y a plusieurs formations qui permettent de s’exercer avec d’autres musiciens…donc ça offre déjà un chouette cadre pour la musique.
Q : C’est quand même assez loin de ce que tu fais aujourd’hui…R : Oui, moi en plus je n’étais pas un élève spécialement assidu. Parallèlement au conservatoire, je faisais déjà mes chansons, donc…je savais que c’était plus ça qui me correspondait, mais bon…voilà, on va y chercher les professeurs, et puis…un apprentissage un peu sérieux c’est bien quand même.
Q : J’ai lu qu’en découvrant Georges Brassens tu avais abordé la chanson différemment. Qu’est-ce qui t’a touché chez lui ?R : Ce qui m’a touché chez lui, c’est l’extrême concision avec laquelle il arrive à écrire, c’est toutes les images poétiques qu’il y a à chaque phrase, c’est les histoires simples mais toujours originales, c’est les mélodies efficaces… enfin, c’est tout. Donc oui, je pense que ça a été une grosse influence pour moi, sans spécialement m’en rendre compte. Il n’y a pas eu un déclic en me disant “Ah tiens, c’est Brassens, je vais écrire différemment”, mais je pense qu’il y a quand même un…mon envie d’écrire a été influencée, oui, par…
Q : Tu l’as découvert à quel âge, Georges Brassens ?R : Oh, petit. Je sais pas, vers l’âge de 8-9 ans. Mais bon, Brassens c’est quelqu’un qu’on peut comprendre à différents niveaux. Donc petit on peut l’apprécier, et puis redécouvrir des choses au fur et à mesure des écoutes.
Q : Tu as quand même été baigné dans la musique assez jeune, j’imagine. Ta famille était dans le milieu aussi ?R : Ma famille non, n’était pas du tout “musiciens”. J’ai un frère un peu plus âgé que moi qui est pianiste, donc peut être que…je pense que c’est lui qui a d’abord tracé un peu la route de la musique…Et puis voilà, donc comme on a beaucoup joué ensemble, on s’est un peu nourris l’un et l’autre pendant l’enfance. Voilà, maintenant, nos routes musicales sont un peu séparées, mais ça vient quand même beaucoup de là.
Ecoute “La lettre”
Q : On sent, en plus de Brassens, l’influence de Nougaro, Ferré. Tes références sont beaucoup dans les chansons réalistes des années 60’s – 70’s ?R : Bah oui, parce que j’y trouve là tout ce que j’aime dans l’écriture. Il y a souvent une envie de privilégier autant le fond que la forme, et donc c’est quelque chose à quoi je suis beaucoup attaché. Et puis c’étaient des personnalités fortes, des gens qui ont, d’une certaine manière, beaucoup innové.
Mais je pense que plus ou moins tout le monde a ces références là dans la chanson française, je ne pense pas vraiment être le seul. Donc c’est un cadre que tout le monde a, quelque chose que tout le monde a au creux de son oreille et qui nous suit tout le temps.
Q : Ton premier album sort le 25 septembre, mais tu as déjà fait des grandes salles grâce aux premières parties, notamment au Zénith avec…avant Bénabar, et tu as fait aussi sa tournée. On ressent quoi, de jouer devant autant de monde qui ne te connaît quasiment pas ?R : D’abord, on le ressent déjà comme une chance, de pouvoir s’adresser à un public large, comme ça. Et puis après, c’est l’adrénaline qui joue, donc c’est un énorme plaisir. Et puis c’est aussi une rencontre avec toute l’équipe de Bénabar, qui m’a vraiment accueilli d’une manière extrêmement sympathique. Donc c’était vraiment une espèce de rêve, un peu, qui s’est déroulé comme ça.
Et puis, évidemment, il y a la pression particulière de savoir qu’il y a autant de monde, mais finalement ça s’est bien passé, donc c’était vraiment très positif, tout ça.
Q : Comment ça s’est passé ? C’est Bénabar directement qui est venu te voir “Tu peux faire ma première partie ?” ou les tourneurs ?R : On a un éditeur, notre éditeur commun en fait, donc on s’est rencontrés par son intermédiaire. Voilà, moi j’aime beaucoup ce qu’il fait, il a écouté mes maquettes, et il cherchait quelqu’un pour quelques unes de ses premières parties, donc c’est parti comme ça.
Q : Et ton style est plutôt dépouillé, avec souvent un instrument. Tu aimes le côté minimaliste ?R : J’aime ça, mais ceci dit, sur l’album qui va sortir, il y a quand même des musiciens qui sont venus sur le projet. L’orchestration est quand même pour moi très importante. J’aime garder par contre une intimité et une chaleur qui laissent la place au texte et à l’histoire que je raconte. Ca c’est très important. Mais par contre, j’adore que des musiciens m’accompagnent. Il y a quand même une atmosphère qui peut se créer, une ambiance, grâce aux autres instruments, qui est plus difficile à rendre tout seul à la guitare, même si c’est comme ça que j’ai commencé, et que je sais que guitare-voix, j’aurais toujours plaisir à chanter.
Q : Cet après midi, qui t’accompagne sur scène alors ?R : Ce soir à la Salle bleue on sera quatre sur scène : un deuxième guitariste, contrebasse/basse et batterie. Donc voilà, c’est une petite formation, mais qui amène beaucoup, je pense, à l’univers.
Ecoute “Monsieur Marcel”
Q : On sent beaucoup de calme, de sérénité dans tes chansons. C’est tout simplement l’expression d’un réel optimisme ?R : Je ne sais pas si c’est de l’optimisme, mais en tout cas, j’essaie de laisser une grosse part à l’imagination, enfin, à l’imaginaire. Donc voilà, je ne m’attache pas trop à un réel qui peut parfois paraître un petit peu oppressant, donc c’est pour ça qu’il y a une certaine fraîcheur qui peut parfois se dégager de mes histoires.
Voilà, je ne me demande pas si ça aurait pu arriver, ou si c’est quelque chose qui m’est arrivé, j’essaie de dérouler mon histoire en essayant de trouver un angle original.
Q : En parlant justement de comment tu écris, tu as dit “J’imagine des gens bizarres, dont la particularité ou l’histoire offre un point de vue intéressant sur la vie ou le quotidien.” Tu as un faible pour les gens différents, un peu à la manière de Fersen, Alexis HK ou d’autres ?R : Oui, parce que les personnages un peu originaux nous conduisent à regarder les choses un peu différemment, avec un espèce de regard un peu neuf. Donc par l’intermédiaire, je ne sais pas, d’un fossoyeur, je vais pouvoir parler de la mort d’une manière légère, ou…Donc, ça offre en fait une liberté d’avoir un personnage un peu…qui arrive d’une manière comme ça un peu incongrue, ça permet de parler de choses que moi, personnellement, je connais assez peu, donc je ne me sentirais pas de me l’approprier.
Donc je me sers un peu de ces personnages pour distiller quelques opinions ou visions sur telle ou telle chose.
Q : Et en France, de quel artiste te sentirais-tu le plus proche ?R : Tu as cité Fersen, et c’est quelqu’un effectivement dont l’univers me touche particulièrement, il y a effectivement ce goût des personnages un peu décalés. Après, moi je vais voir pas mal de concerts, donc il y a toute cette scène française assez dynamique qui me plaît beaucoup. Il y a toujours plein de découvertes, chaque année. Je dis tant mieux, ça me permet de voir ce que les autres pensent, et de me nourrir des univers des uns et des autres, et puis de faire des rencontres.
Q : J’ai entendu parler du fait que tu faisais quelques titres avec Raphael, ce soir. Comment est venue cette collaboration, cette rencontre ?R : Non, je ne vais pas faire quelques titres avec, je vais faire quelques titres avant, en fait. Je vais jouer un quart d’heure avant lui, donc je ne le connais pas du tout, je ne sais même pas si je vais le rencontrer. Ca va être un plaisir de jouer sur la Grande scène, devant autant de monde, je pense que ça va être assez impressionnant.
Q : Et autrement, est-ce que tu aurais un coup de cœur musical en ce moment ?R : Alors, il y a un groupe qui s’appelle Zita Swoon, moi, que j’ai découvert il y a un an à peu près, que j’ai plaisir à chaque fois à aller voir sur scène. Une formation vraiment géniale, une sorte de Bob Dylan un peu soul, donc j’encourage tout le monde à les découvrir sur scène.
Q : Merci beaucoup Renan Luce.
R : Merci, à bientôt.
Ecoute “Nuit blanche”
Interview réalisée par
Jérémie Galerne COB’FM (Saint Brieuc-22)/RGB (Cergy-95)
jeremie.galerne@laposte.net
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Mer 30 Aoû - 17:58
... elle m'avait vraiment manqué !!...