Rien de nouveau, mais ça fait toujours plaisir
Renan Luce, sensation chanson de la rentrée
Repenti. Barclay/Universal, 52 mn, 13 titres. Chanson. Repéré au festival de Montauban, puis aux Francos de La Rochelle, ce Morlaisien de 26 ans sort un excellent premier disque.
Renan Luce avait un secret, qui n'a pas tenu la durée de son album. Au 8e morceau, le garçon avoue. Il a le pouvoir, à minuit, de vivre une minute de plus que ses contemporains... Et cela donne la joliment poétique 24 h 01, où le chanteur joue au fantôme, au malin et au coquin. Il est comme ça Renan Luce, doté d'un imaginaire débordant, qui n'est pas sans rappeler Thomas Fersen. Comme lui, il invente des personnages truculents : un fossoyeur narcoleptique, un « chien mouillé » à la copine machiste, la bien nommée Camelote qui se marie entre un nain de jardin et deux fleurs dansant le jerk...
Car Renan Luce sait être drôle, sans rien sacrifier des meilleures qualités d'un auteur-compositeur : la musicalité d'une langue qu'il a mature et le sens de la mélodie, appuyé sur une musique pop-folk à tendance acoustique. Avec derrière, l'excellent Jean-Louis Piérot (acolyte de Miossec) à la réalisation.
Avec un père originaire de Carantec, Renan a vécu d'un mois à 18 ans à Plourin-les-Morlaix (4 000 habitants). Sa mère y était institutrice. Son éducation musicale commence par la chorale de la Maison pour tous, avant dix ans de conservatoire et l'écriture de premières chansons au lycée. Après une Prépa à Rennes, il file à Toulouse pour une école de commerce, avec l'envie de travailler dans la musique, ce qui l'emmène chez un producteur de concerts, à Paris.
Il n'a pas lâché la guitare pour autant et donne des concerts en solo, jusqu'à se faire remarquer par une « major ». Sa recette ? « J'essaie d'offrir un point de vue original à partir d'une histoire simple ou d'un personnage courant. Ensuite, je me laisse guider par l'écriture, par les rimes. Et le puzzle se forme. » Simple, non ?
Voilà comment est née Les voisines qui, avec sa virevoltante ritournelle, séduit les bonnes radios. Son premier album développe ainsi un univers personnel, entre des personnages bien sentis et un mélancolique de situation... C'est le cirque de seconde zone, le repenti devenu alcoolo, les « traces » de la vie, ou la feuille de papier qui rêvait d'un meilleur avenir. Et au milieu de tout ça, entre fantaisie et romanesque, il y a un rendez-vous imprévu sur la falaise (La lettre), une chanson à la conclusion si élégante...
Michel TROADEC.
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